Anissina-Peizerat
ont remporté hier leur première victoire de la saison.
Mais leur programme reste perfectible.
De notre envoyée spéciale à Mississauga (Canada) Céline
NONY
MISSISSAUGA.
- Marina ne voudrait retenir que ce concert de louanges
qui a salué, hier, la présentation de son nouveau libre
et la première victoire des Français dans le Skate Canada.
Elle souhaiterait se contenter de l'audience souvent enthousiaste,
mais surtout polie, face à un programme plutôt bien patiné
pour un début de saison. " Tout le monde nous dit qu'il
est meilleur que celui de l'an dernier ", tranche-t-elle.
On émettra pourtant quelques réserves.
Bien sûr, il est normal que certains passages aient été
fébriles. D'autant que, hier, l'organisation a, dans un
premier temps, envoyé la musique de leur danse originale
au lieu de celle du libre.
Surtout, happés par les tournées françaises et nord-américaine
après leur sacre mondial à Nice, en avril dernier, Marina
Anissi-na et Gwendal Peizerat ont repris l'entraînement
plus tard que beau- coup de leurs adversaires. Mais il
leur reste quinze jours de travail avant le Trophée Lalique
à Paris, plus d'un mois avant les Championnats de France.
Et lorsqu'on connaît leur soif de perfection, les soucis
quant à leur capacité à progresser s'effacent immédiatement.
Non, les restrictions toucheront plus à la conception
de cette variation sur un opéra-rock retraçant une nuit
de la vie de Beethoven, celle où le génie allemand écrit
une lettre de rupture à la femme aimée, parce qu'il se
sait devenir sourd et refuse de la voir s'éloigner de
lui quand elle découvrira son handicap.
Le choix des musiques est excellent, d'une fluidité totale.
Mais la fin du programme, avant l'ultime porté, sonne
creux. La symphonie n° 9 s'effiloche sur des pas circulaires
qui manquent de volume, de vitesse et de consistance par
rapport au reste de la chorégraphie.
" Ce genre de critiques nous fera avancer ", promet
Gwendal, qui expliquera par ailleurs qu'ils se sont concentrés
sur des détails techniques et que l'émotion transpirera
sans doute plus tard. De cela, on ne doute pas un instant.
En
revanche, il est évident que la couturière des champions
du monde devra aussi revoir sa copie.
Si la tenue de Marina, toute en voile blanc, la met en
valeur, le costume de Gwendal altère la ligne du couple
et la perception des éléments.
Son idée est pourtant bonne : d'un côté, la queue de pie
noire rappelle le génie classique de Beethoven ; de l'autre,
dégoulinant sur l'épaule droite, un voile blanc matérialise
le tourment du compositeur.
Mais de cette intention ne subsiste qu'une impression
de lourdeur, alors qu'un soupçon de sobriété suffirait
à dévoiler la subtilité d'éléments aussi visuels que les
portés en " tulipe " ou inversés, qui ont sorti le public
de sa torpeur hier.
Évidemment, ces commentaires sont du pinaillage.
Mais certains ne manqueront pas de persifler quand les
champions du monde seront confrontés à une réelle adversité,
à l'enjeu des titres européens et mondiaux. La meute est
d'ores et déjà à l'écoute de la moindre faiblesse des
Français.
Qu'il s'agisse des Italiens Fusar-Poli -Marciaglio. dauphins
en titre et aux dents longues, des Lituaniens Dro-biazko-Vanagas.
troisièmes mondiaux, et plus encore des poulains de l'écurie
Tarassova, les Canadiens Bourne-Kraatz ou les Israéliens
Chait-Sakhnovski, qui ont accroché les Français, hier,
sur les notes techniques. - C. N.
LES
RÉSULTATS. - DANSE : 1. Anissina-Peizerat (FRA), 2 pts
; 2. Chait-Sakhnovski (ISR), 4 ; 3. Dubreuil-Lauzon (CAN).
6,4 : 4, Grushina-Gon-charov (UKR), 7,6 ; 5. Wing-Lowe
(CAN), 10.
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